lundi 11 mars 2019

Vite fait, bien fait "spécial littérature (de ma) jeunesse" - partie 2

Salutations :)

Avec la Journée Internationale des Droits des Femmes qui est récemment passée, je me suis dit qu'il était plus que temps que je poste la suite du « Vite fait, bien fait "spécial littérature (de ma) jeunesse" - partie 1 ».

Dans l'article cité ci-dessus, j'avais commencé une série de livres comprenant des personnages féminins intéressants (pour plus de détails, je vous invite à aller voir l'article en question, si vous ne l'avez pas déjà lu ou si vous souhaitez vous rafraichir la mémoire).

(Oui, en 2019, je reprends le vouvoiement, allez savoir pourquoi...)

À la fin de l'article, j'avais constaté que les 5 romans que je présentais proposaient des petites filles pouvant être têtues, capables de prendre les devants malgré leur timidité mais j'ai l'impression que ces filles restent tout de même assez dociles, gentilles et leur qualité principale (dans le sens « ce qui les qualifie le plus », le trait de caractère majeur) est l'empathie, le bon cœur, bref les bons sentiments.
Leurs histoires tournent autour de leurs actions visant à améliorer le quotidien de leurs proches (Paola souhaite aider Lou, Caribou aide les habitants de son village, les jumelles souhaitent que leurs parents se remettent ensemble, idem pour Prune et Anna fait de son mieux pour que son oncle soit de nouveau intégré à sa famille). Donc, au final, ces petites filles endossent un peu le genre de rôle qu'on attribue souvent aux femmes, celui de « l'infirmière », et elles ont des qualités qu'on attribue souvent au genre féminin (empathie, écoute, douceur, patience, etc).

Pour contrebalancer un peu tout ça, cet article va se concentrer sur des personnages principaux ayant des traits de caractère plus prononcés et pouvant adopter des comportements qui sont plus discutables.


1 – Le fauteuil de grand-mère, de Charlotte Herman

Sheila est furieuse. Elle doit partager sa chambre avec sa grand-mère, qui ne peut plus vivre seule. Puis, avec le temps, elle va apprendre à connaître cette grand-mère qui sait beaucoup de choses et qui a tant à partager. Elle va aussi se rendre compte que sa grand-mère est bien malheureuse et va tenter de l'aider de son mieux. Mais ses idées ne sont pas toujours appréciées...
Au début, quand j'ai relu ce roman, je me suis dit que Sheila restait un personnage classique, qui souhaitait le bonheur des autres sans forcément penser au sien en premier lieu (un peu comme Prune et Anna, vues dans le précédent « Vite fait bien fait »).
Puis, je me suis rendue compte que le roman contient principalement des personnages féminins : Sheila, sa mère, sa sœur, sa grand-mère, sa meilleure amie, etc. Et ce sont les relations et interactions entre ces personnages qui sont intéressantes (celle que je préfère est celle entre Sheila et sa grand-mère, celle qui est au cœur du roman ; toutes deux ont beaucoup d'affection l'une pour l'autre).
La grand-mère se montre très têtue, a un caractère très indépendant, elle crie parfois et se dispute avec sa fille, fait des cachotteries. Elle passe beaucoup de temps à transmettre ce qu'elle sait (la cuisine, le jardinage ou simplement son expérience de la vie) surtout dans le but d'avoir des moments privilégiés avec ses proches.
Sheila, de son côté, est une fille très curieuse au point de lire le journal intime de sa grande sœur, ce qui est une intrusion à l'intimité de celle-ci. Elle se montre souvent réticente à réaliser les tâches ménagères et préfère développer son imagination. Elle est aussi colérique, parfois vulgaire, ne porte que des pantalons (détail qui a son importance dans un passage du roman).
Muriel, la grande sœur, est également une forte tête. Du haut de ses 15 ans, elle n'a pas peur de dire ce qu'elle pense, passe beaucoup de temps à écrire et s'intéresse à la politique au point d'avoir des affiches de politiciens dans sa chambre (plutôt que des groupes de musique célèbres) et d'envisager une carrière en tant que sénatrice ou députée.


2 – Les enquêtes de Mac et Maribé, les seuls détectives qui ne travaillent que pendant les vacances scolaires, de Giorda

Ce roman est un ensemble de courtes histoires tournant autour d'aventures, de mystères et d'enquêtes, un peu comme le club des cinq.
Tout commence avec Mac, diminutif de Maxime, qui passe ses vacances à la mer. Suite à une mésaventure sur la plage, il va faire la connaissance de Marie-Béatrice, très vite surnommée Maribé. Cette jeune fille est une détective en herbe et Maxime va être un excellent assistant.
Même si les histoires sont toujours racontées du point de vue de Mac, c'est tout de même Maribé qui est au cœur de l'action ; Mac l'observe le plus souvent et témoigne son admiration devant les capacités de déduction de son amie. Si Mac finit par développer des capacités d'analyse à son tour, il admet lui-même que c'est à force de regarder et d'écouter son amie. Maribé ne tire pas de fierté de ses capacités et encourage même son ami à faire comme elle.
Étant donné que, pour des enfants, il est difficile de mener l'enquête, nos deux ami·e·s vont régulièrement devoir mentir, tricher, se servir des adultes pour arriver à leurs fins.
Le seul défaut que je trouve à ce roman, c'est le manque de développement des personnages. Tous deux manquent de profondeur par manque de background. Dans un sens, je me dis que ce qu'iels font en dehors de leurs vacances ne les définit pas mais je trouve tout de même que ça manque un peu de détails. Pourquoi Maribé aime-t-elle tant enquêter ? Quand et comment a-t-elle commencé ?


3 – Le jardin secret, de Frances Hodgson Burnett

Mary, seule survivante d'une épidémie de choléra en Inde, va se retrouver en Angleterre pour y vivre dans le manoir d'un oncle dont elle n'a jamais entendu parlé. Dans cette grande demeure un peu triste, elle va d'abord se sentir perdue mais va découvrir bien des secrets, dont un immense jardin fermé depuis la mort de sa tante.
Mary est un personnage que j'aime tout spécialement, à cause de son développement tout le long du roman. Au début, elle est têtue, égoïste, colérique, vulgaire, raciste. Cela n'a rien de bien réjouissant mais tout un contexte est donné pour expliquer pourquoi elle est ainsi : délaissée par ses parents, souvent seule aux soins d'une nounou, on accepte tous ses caprices pour qu'elle ne fasse pas de crises de nerf. La mort de ses parents va d'ailleurs peu la toucher, tellement elle était déconnectée de ces derniers. C'est au contact de personnes franches et aimantes qu'elle va se rendre compte de sa méchanceté et va commencer à adopter une attitude plus respectueuse, jusqu'à prendre soin d'autres personnes à son tour...sans pour autant se défaire de son caractère têtu. C'est son développement qui est au cœur de l'histoire.
C'est un bon exemple de ce que j'ai appris en grandissant, notamment à travers ce roman : personne n'est réellement méchant par nature. C'est souvent lié à l'environnement dans lequel une personne grandit : le lieu où elle vit, les gens qui l'entourent, les émotions et sentiments avec lesquels elle est le plus en contact. Dans un environnement violent, l'enfant puis la personne intègre un comportement identique. Aussi, Mary pense qu'il est normal de s'énerver à tout va, d'insulter, de crier quand on n'a pas ce qu'on veut car elle a toujours fait ainsi et personne ne lui a opposé une autre vision des choses, une autre façon de s'exprimer. Aussi, je trouve que ce livre est un bon exemple d'empathie car on se retrouve à suivre une personne qui agit mal, sans se rendre compte que c'est mal, et on apprend à connaître cette personne pour comprendre pourquoi elle agit ainsi.
Le deuxième atout majeur de cette histoire, c'est le rapport avec la nature. Le roman est truffé de longues descriptions de paysages, de landes, de jardins fleuris. Les parfums, les couleurs, les sons, les matières, autant de détails qui nous plongent dans un univers presque magique. Le roman est une véritable déclaration d'amour pour la nature, les animaux et les paysages sauvages d'Angleterre.


4 – La révolte de 10X, de Joan Davenport Carris

Taylor est effondrée depuis le décès de son père. Sa mère et elle sont obligées de déménager dans une maison plus petite, pour des raisons financières entre autres. Le seul réconfort de la jeune fille est 10X, l'ordinateur que son père et elle ont construit ensemble.
Très vite, son chagrin va se changer en révolte : elle déteste son nouveau quartier (récemment construit), sa nouvelle maison, ses voisins et même 10X qui est le dernier souvenir qu'il lui reste de son père. Elle va alors découvrir que 10X est capable de contrôler le système électrique de sa nouvelle maison. Il lui est alors possible de couper le courant, le rallumer, faire disjoncter les appareils, etc. Elle va alors se servir de son ordinateur comme d'une arme, pour mettre la pagaille dans cette maisons qu'elle déteste, pour punir sa mère d'avoir voulu déménager. Cette décision de s'en prendre à son entourage ne sera pas sans conséquence, allant jusqu'à gâcher de la nourriture, risquer d'infliger une grave brûlure à une tante qu'elle n'apprécie guère (j'avoue que la tante en question est insupportable, mais quand même !) et de mettre les nerfs de sa mère à rude épreuve, alors que celle-ci fait tout pour garder la tête hors de l'eau et aller de l'avant.
Le roman est parsemé de quelques réflexions intéressantes du point de vue féministe (là encore, la plupart des personnages sont des femmes ou des jeunes filles) mais son intérêt principal est qu'il traite du décès et de la difficulté de faire son deuil, les différentes étapes par lesquelles on passe (le chagrin, la colère, l'acceptation) et donne quelques conseils pour faire face à ce genre d'événements : changer de cadre, ne pas se renfermer sur soi, chercher du réconfort auprès de ses proches, commencer une nouvelle activité, etc.


5 – Vas-y Claire !, de Marie-Christine Helgerson

Claire aime courir. Mais en 1898, les jeunes filles portent corset, bottines, robes à volants...Tout un attirail qui entrave le corps et l'empêche de se mouvoir librement. De plus, l'idée même qu'une fille puisse se passionner pour une activité physique, cela étonne voire scandalise plus d'une personne de son entourage, à cette époque où les femmes n'avaient même pas le droit de vote.
Mais Claire est têtue. Elle a un objectif, qu'elle souhaite réaliser avec sa nouvelle amie Élizabeth : une course de vitesse jusqu'en haut de la Tour Eiffel !
Ce roman comporte beaucoup de personnages féminins, y compris un groupe de suffragettes (groupe de femmes militant pour le droit de vote). Les interactions entre elles et Claire soulignent les idées de l'époque (« une femme qui court, qui puisse transpirer, mon dieu, c'est moche, quelle horreur ! », ce qu'aujourd'hui on pourrait appeler du « sexisme intériorisé », même de la part des suffragettes qui estiment que le droit de vote est important, le sport non) et en même temps, il met en lumière les changement qui commencent à opérer à cette société (« c'est moderne, c'est léger, c'est synonyme de liberté »). Aussi, Claire va devoir tenir tête à la plupart d'entre elles (en plus des personnes masculins, mais pas sûre que ce soit nécessaire de le préciser) : sa mère, son amie, ses professeures et la directrice de son école, les clientes pour lesquelles elle fait des livraisons en courant, etc. Avec le temps (et beaucoup de détermination et de passion), elle va pousser son entourage à se remettre en question : la directrice va autoriser une tenue plus agréable à porter pour le sport, la patronne styliste de sa mère va commencer à imaginer une collection de vêtements sportifs pour les femmes.


En conclusion à tout cela, on peut remarquer que les filles de ces romans ont tendance à être têtues, colériques, à faire preuve d'un sacré caractère. Elles peuvent mentir, se venger sur autrui, faire intrusion dans la vie privée de quelqu'un, remettre en question le fonctionnement de la société...Des comportements qu'on attribue plus facilement à des garçons.
Mon but au travers de la présentation de mes romans de jeunesse n'est pas de dire « il ne faut que des personnages ayant un caractère fort et révolté ». Je ne souhaite pas faire l'éloge de certaines qualités au détriment des autres. Je pense, au contraire, qu'il faille de la diversité pour offrir le plus de représentations possibles. C'est pourquoi j'ai décidé de mettre en avant des romans où les filles parviennent à s'en sortir de diverses manières : en faisant preuve d'empathie ou de caractère, en communicant avec les autres ou en leur cachant des choses, en s'exprimant calmement ou en criant...

On pourrait penser que, aujourd'hui, avec l'avancement des droits des femmes, la littérature jeunesse offrirait multiples personnages intéressantes dont on pourrait s'inspirer (ce que dément la vidéo dont j'ai parlé dans la première partie de cet article).
Or, me replonger dans mes romans jeunesse me fait prendre conscience que cela fait longtemps que des auteurs et autrices proposent ce genre de personnages et qu'ils ont jalonné mon enfance et ont sans doute construit la personne que je suis aujourd'hui (ce sont les romans qui m'ont le plus marquée et je les ai encore en ma possession aujourd'hui tellement j'y suis attachée). Ai-je eu de la chance de tomber sur ces romans ? Ou y en a-t-il plus qu'on ne le pense, ils manquent juste de visibilité ? Je ne sais pas trop, sans doute un peu des deux.

On peut étendre cette réflexion à la représentation de toute autre minorité : personnes racisées, communauté LGBT+, personnes handicapées... Aussi, j'ai pour but de chercher à diversifier mes lectures, à rechercher des sujets rarement abordés (ou mal présentés) et de me concentrer sur ces lectures pour mon blog à l'avenir.

C'est ici que ce termine cet article. J'espère que cela vous a intéressé ^^ 
Connaissiez-vous ces romans ? Ont-ils fait partie de votre enfance ?Quel souvenir en avez-vous gardé ?

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