Salutations :)
Avec la Journée Internationale des
Droits des Femmes qui est récemment passée, je me suis dit qu'il était plus que temps que je
poste la suite du « Vite
fait, bien fait "spécial littérature (de ma) jeunesse" -
partie 1 ».
Dans l'article cité ci-dessus, j'avais
commencé une série de livres comprenant des personnages féminins
intéressants (pour plus de détails, je vous invite à aller voir
l'article en question, si vous ne l'avez pas déjà lu ou si vous
souhaitez vous rafraichir la mémoire).
(Oui, en 2019, je reprends
le vouvoiement, allez savoir pourquoi...)
À la fin de l'article, j'avais
constaté que les 5 romans que je présentais proposaient des petites
filles pouvant être têtues, capables de prendre les devants malgré
leur timidité mais j'ai l'impression que ces filles restent tout de
même assez dociles, gentilles et leur qualité principale (dans le
sens « ce qui les qualifie le plus », le trait de
caractère majeur) est l'empathie, le bon cœur, bref les bons
sentiments.
Leurs histoires tournent autour de
leurs actions visant à améliorer le quotidien de leurs proches
(Paola souhaite aider Lou, Caribou aide les habitants de son village,
les jumelles souhaitent que leurs parents se remettent ensemble, idem
pour Prune et Anna fait de son mieux pour que son oncle soit de
nouveau intégré à sa famille). Donc, au final, ces petites filles
endossent un peu le genre de rôle qu'on attribue souvent aux femmes,
celui de « l'infirmière », et elles ont des qualités
qu'on attribue souvent au genre féminin (empathie, écoute, douceur,
patience, etc).
Pour contrebalancer un peu tout ça,
cet article va se concentrer sur des personnages principaux ayant des
traits de caractère plus prononcés et pouvant adopter des
comportements qui sont plus discutables.
1 – Le fauteuil de grand-mère, de
Charlotte Herman
Sheila est furieuse. Elle doit partager
sa chambre avec sa grand-mère, qui ne peut plus vivre seule. Puis,
avec le temps, elle va apprendre à connaître cette grand-mère qui
sait beaucoup de choses et qui a tant à partager. Elle va aussi se
rendre compte que sa grand-mère est bien malheureuse et va tenter de
l'aider de son mieux. Mais ses idées ne sont pas toujours
appréciées...
Au début, quand j'ai relu ce roman, je
me suis dit que Sheila restait un personnage classique, qui
souhaitait le bonheur des autres sans forcément penser au sien en
premier lieu (un peu comme Prune et Anna, vues dans le précédent
« Vite fait bien fait »).
Puis, je me suis rendue compte que le
roman contient principalement des personnages féminins :
Sheila, sa mère, sa sœur, sa grand-mère, sa meilleure amie, etc.
Et ce sont les relations et interactions entre ces personnages qui
sont intéressantes (celle que je préfère est celle entre Sheila et
sa grand-mère, celle qui est au cœur du roman ; toutes deux
ont beaucoup d'affection l'une pour l'autre).
La grand-mère se montre très têtue,
a un caractère très indépendant, elle crie parfois et se dispute
avec sa fille, fait des cachotteries. Elle passe beaucoup de temps à
transmettre ce qu'elle sait (la cuisine, le jardinage ou simplement
son expérience de la vie) surtout dans le but d'avoir des moments
privilégiés avec ses proches.
Sheila, de son côté, est une fille
très curieuse au point de lire le journal intime de sa grande sœur,
ce qui est une intrusion à l'intimité de celle-ci. Elle se montre
souvent réticente à réaliser les tâches ménagères et préfère
développer son imagination. Elle est aussi colérique, parfois
vulgaire, ne porte que des pantalons (détail qui a son importance
dans un passage du roman).
Muriel, la grande sœur, est également
une forte tête. Du haut de ses 15 ans, elle n'a pas peur de dire ce
qu'elle pense, passe beaucoup de temps à écrire et s'intéresse à
la politique au point d'avoir des affiches de politiciens dans sa
chambre (plutôt que des groupes de musique célèbres) et
d'envisager une carrière en tant que sénatrice ou députée.
2 – Les enquêtes de Mac et Maribé,
les seuls détectives qui ne travaillent que pendant les vacances
scolaires, de Giorda
Ce roman est un ensemble de courtes
histoires tournant autour d'aventures, de mystères et d'enquêtes,
un peu comme le club des cinq.
Tout commence avec Mac, diminutif de
Maxime, qui passe ses vacances à la mer. Suite à une mésaventure
sur la plage, il va faire la connaissance de Marie-Béatrice, très vite surnommée Maribé. Cette
jeune fille est une détective en herbe et Maxime va être un
excellent assistant.
Même si les histoires sont toujours
racontées du point de vue de Mac, c'est tout de même Maribé qui
est au cœur de l'action ; Mac l'observe le plus souvent et
témoigne son admiration devant les capacités de déduction de son
amie. Si Mac finit par développer des capacités d'analyse à son
tour, il admet lui-même que c'est à force de regarder et d'écouter
son amie. Maribé ne tire pas de fierté de ses capacités et
encourage même son ami à faire comme elle.
Étant donné que, pour des enfants, il
est difficile de mener l'enquête, nos deux ami·e·s vont
régulièrement devoir mentir, tricher, se servir des adultes pour
arriver à leurs fins.
Le seul défaut que je trouve à ce
roman, c'est le manque de développement des personnages. Tous deux
manquent de profondeur par manque de background. Dans un sens, je me
dis que ce qu'iels font en dehors de leurs vacances ne les définit
pas mais je trouve tout de même que ça manque un peu de détails.
Pourquoi Maribé aime-t-elle tant enquêter ? Quand et comment
a-t-elle commencé ?
3 – Le jardin secret, de Frances
Hodgson Burnett
Mary, seule survivante d'une épidémie
de choléra en Inde, va se retrouver en Angleterre pour y vivre dans
le manoir d'un oncle dont elle n'a jamais entendu parlé. Dans cette
grande demeure un peu triste, elle va d'abord se sentir perdue mais
va découvrir bien des secrets, dont un immense jardin fermé depuis
la mort de sa tante.
Mary est un personnage que j'aime tout
spécialement, à cause de son développement tout le long du roman.
Au début, elle est têtue, égoïste, colérique, vulgaire, raciste.
Cela n'a rien de bien réjouissant mais tout un contexte est donné
pour expliquer pourquoi elle est ainsi : délaissée par ses
parents, souvent seule aux soins d'une nounou, on accepte tous ses
caprices pour qu'elle ne fasse pas de crises de nerf. La mort de ses
parents va d'ailleurs peu la toucher, tellement elle était
déconnectée de ces derniers. C'est au contact de personnes franches
et aimantes qu'elle va se rendre compte de sa méchanceté et va
commencer à adopter une attitude plus respectueuse, jusqu'à prendre
soin d'autres personnes à son tour...sans pour autant se défaire de
son caractère têtu. C'est son développement qui est au cœur de
l'histoire.
C'est un bon exemple de ce que j'ai
appris en grandissant, notamment à travers ce roman : personne
n'est réellement méchant par nature. C'est souvent lié à
l'environnement dans lequel une personne grandit : le lieu où
elle vit, les gens qui l'entourent, les émotions et sentiments avec
lesquels elle est le plus en contact. Dans un environnement violent,
l'enfant puis la personne intègre un comportement identique. Aussi,
Mary pense qu'il est normal de s'énerver à tout va, d'insulter, de
crier quand on n'a pas ce qu'on veut car elle a toujours fait ainsi
et personne ne lui a opposé une autre vision des choses, une autre
façon de s'exprimer. Aussi, je trouve que ce livre est un bon
exemple d'empathie car on se retrouve à suivre une personne qui agit
mal, sans se rendre compte que c'est mal, et on apprend à connaître
cette personne pour comprendre pourquoi elle agit ainsi.
Le deuxième atout majeur de cette
histoire, c'est le rapport avec la nature. Le roman est truffé de
longues descriptions de paysages, de landes, de jardins fleuris. Les
parfums, les couleurs, les sons, les matières, autant de détails
qui nous plongent dans un univers presque magique. Le roman est une
véritable déclaration d'amour pour la nature, les animaux et les
paysages sauvages d'Angleterre.
4 – La révolte de 10X, de Joan
Davenport Carris
Taylor est effondrée depuis le décès
de son père. Sa mère et elle sont obligées de déménager dans une
maison plus petite, pour des raisons financières entre autres. Le
seul réconfort de la jeune fille est 10X, l'ordinateur que son père
et elle ont construit ensemble.
Très vite, son chagrin va se changer
en révolte : elle déteste son nouveau quartier (récemment
construit), sa nouvelle maison, ses voisins et même 10X qui est le
dernier souvenir qu'il lui reste de son père. Elle va alors
découvrir que 10X est capable de contrôler le système électrique
de sa nouvelle maison. Il lui est alors possible de couper le
courant, le rallumer, faire disjoncter les appareils, etc. Elle va
alors se servir de son ordinateur comme d'une arme, pour mettre la
pagaille dans cette maisons qu'elle déteste, pour punir sa mère
d'avoir voulu déménager. Cette décision de s'en prendre à son
entourage ne sera pas sans conséquence, allant jusqu'à gâcher de
la nourriture, risquer d'infliger une grave brûlure à une tante
qu'elle n'apprécie guère (j'avoue que la tante en question est
insupportable, mais quand même !) et de mettre les nerfs de sa mère
à rude épreuve, alors que celle-ci fait tout pour garder la tête
hors de l'eau et aller de l'avant.
Le roman est parsemé de quelques
réflexions intéressantes du point de vue féministe (là encore,
la plupart des personnages sont des femmes ou des jeunes filles) mais
son intérêt principal est qu'il traite du décès et de la
difficulté de faire son deuil, les différentes étapes par
lesquelles on passe (le chagrin, la colère, l'acceptation) et donne
quelques conseils pour faire face à ce genre d'événements :
changer de cadre, ne pas se renfermer sur soi, chercher du réconfort
auprès de ses proches, commencer une nouvelle activité, etc.
5 – Vas-y Claire !, de
Marie-Christine Helgerson
Claire aime courir. Mais en 1898, les
jeunes filles portent corset, bottines, robes à volants...Tout un
attirail qui entrave le corps et l'empêche de se mouvoir librement.
De plus, l'idée même qu'une fille puisse se passionner pour une
activité physique, cela étonne voire scandalise plus d'une personne
de son entourage, à cette époque où les femmes n'avaient même pas
le droit de vote.
Mais Claire est têtue. Elle a un
objectif, qu'elle souhaite réaliser avec sa nouvelle amie
Élizabeth : une course de vitesse jusqu'en haut de la Tour
Eiffel !
Ce roman comporte beaucoup de
personnages féminins, y compris un groupe de suffragettes (groupe de
femmes militant pour le droit de vote). Les interactions entre elles
et Claire soulignent les idées de l'époque (« une femme qui
court, qui puisse transpirer, mon dieu, c'est moche, quelle
horreur ! », ce qu'aujourd'hui on pourrait appeler du
« sexisme intériorisé », même de la part des
suffragettes qui estiment que le droit de vote est important, le
sport non) et en même temps, il met en lumière les changement qui
commencent à opérer à cette société (« c'est moderne,
c'est léger, c'est synonyme de liberté »). Aussi, Claire va
devoir tenir tête à la plupart d'entre elles (en plus des personnes
masculins, mais pas sûre que ce soit nécessaire de le préciser) :
sa mère, son amie, ses professeures et la directrice de son école,
les clientes pour lesquelles elle fait des livraisons en courant,
etc. Avec le temps (et beaucoup de détermination et de passion),
elle va pousser son entourage à se remettre en question : la
directrice va autoriser une tenue plus agréable à porter pour le
sport, la patronne styliste de sa mère va commencer à imaginer une
collection de vêtements sportifs pour les femmes.
En conclusion à tout cela, on peut
remarquer que les filles de ces romans ont tendance à être têtues,
colériques, à faire preuve d'un sacré caractère. Elles peuvent
mentir, se venger sur autrui, faire intrusion dans la vie privée de
quelqu'un, remettre en question le fonctionnement de la société...Des
comportements qu'on attribue plus facilement à des garçons.
Mon but au travers de la présentation
de mes romans de jeunesse n'est pas de dire « il ne faut que
des personnages ayant un caractère fort et révolté ». Je ne
souhaite pas faire l'éloge de certaines qualités au détriment des
autres. Je pense, au contraire, qu'il faille de la diversité pour
offrir le plus de représentations possibles. C'est pourquoi j'ai
décidé de mettre en avant des romans où les filles parviennent à
s'en sortir de diverses manières : en faisant preuve d'empathie
ou de caractère, en communicant avec les autres ou en leur cachant
des choses, en s'exprimant calmement ou en criant...
On pourrait penser que, aujourd'hui,
avec l'avancement des droits des femmes, la littérature jeunesse
offrirait multiples personnages intéressantes dont on pourrait
s'inspirer (ce que dément la vidéo dont j'ai parlé dans la
première partie de cet article).
Or, me replonger dans mes romans
jeunesse me fait prendre conscience que cela fait longtemps que des
auteurs et autrices proposent ce genre de personnages et qu'ils ont
jalonné mon enfance et ont sans doute construit la personne que je
suis aujourd'hui (ce sont les romans qui m'ont le plus marquée et je
les ai encore en ma possession aujourd'hui tellement j'y suis
attachée). Ai-je eu de la chance de tomber sur ces romans ? Ou
y en a-t-il plus qu'on ne le pense, ils manquent juste de
visibilité ? Je ne sais pas trop, sans doute un peu des deux.
On peut étendre cette réflexion à la
représentation de toute autre minorité : personnes racisées,
communauté LGBT+, personnes handicapées... Aussi, j'ai pour but de
chercher à diversifier mes lectures, à rechercher des sujets
rarement abordés (ou mal présentés) et de me concentrer sur ces
lectures pour mon blog à l'avenir.
C'est ici que ce termine cet article.
J'espère que cela vous a intéressé ^^
Connaissiez-vous ces romans ?
Ont-ils fait partie de votre enfance ?Quel souvenir en avez-vous gardé ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire