Bonjour, bonsoir, salutations 👋
Moins d'un an depuis le dernier article, un record je pense ! 😂
Pour l'occasion, je lance un nouveau type de libellés : les thèmes. Je trouve ça pratique de pouvoir retrouver tous les ouvrages d'un même genre, j'aime bien aussi l'idée de trouver tous ceux qui traitent d'un même sujet (mais différemment). Je ne pourrais pas tout mettre dans le cas des articles "Vite fait bien fait" car le nombre de libellés est limité, mais j'essaierai d'en mettre le plus possible. Il me faudra aussi un peu de temps pour rajouter les thèmes des articles précédents (je pense faire de même pour les TW, comme dans cet article). Vous retrouverez l'encadré correspondant aux thèmes sous celui consacré aux genres littéraires.
Et sans plus attendre, on passe au sujet du jour : les femmes célibataires dans la fiction littéraire. Ça fait très longtemps que je pense rédiger un article là dessus, les ouvrages dont je vais parler sont en pile, m'attendant sagement, depuis des semaines voir des mois (les pauvres) ! Le jour est enfin arrivé !
Pourquoi ce sujet, déjà ? Pour faire court, c'est dans une démarche de déconstruction de genre et de représentation. Les personnages féminins sont souvent mis en scène en étant ou finissant en couple (le plus souvent : exclusif avec un homme) à la fin de l'histoire. C'est un schéma récurrent, issu de notre culture qui nous berce depuis toujours avec ce genre de récits. Une femme qui est seule est souvent décrite comme malheureuse et elle trouve le bonheur dans la vie conjugale, comme si ce n'était pas possible d'être heureuse autrement. Iels furent heureux'euses et eurent beaucoup d'enfants...
Évidemment, cette vision stéréotypée ne vient pas de nulle part, ce n'est que le reflet de notre société sexiste, qui attend de la femme à ce qu'elle se mette en couple (dans l'idéal, pour faire des enfants et s'occuper de son mari). Dans la vie de tous les jours, les femmes (ou personnes perçues comme telles) qui n'aspirent pas à une vie de couple bien rangée, sont souvent mal vues et jugées ; on les accuse d'être instables/irresponsables/égoïstes (et je ne liste là que les accusations les plus polies), on les désigne comme responsables de l'effondrement de notre société, on les accable de prévisions funestes, leur disant que "attention, elles vont finir vieille fille avec pleins de chats" (alors que bon, vivre dans une maison remplie de chats, soyons sincères, est-ce que ce n'est pas la définition même du bonheur ? 🤔).
Une fois qu'on sait ça, on ne s'étonne pas du manque de (bonne) représentation et d'histoires qui déconstruiraient un peu tout ça et dans lesquelles elles pourraient se retrouver. Ça existe mais j'ai l'impression que ce n'est pas souvent mis en avant, que ça manque de variété de modèles et d'histoires, qu'il y a un déséquilibre
entre les histoires où les femmes sont en couple et les histoires où
elles font autre chose.
Donc voilà ma petite contribution : 5 lectures (livres et BD) qui mettent en scène un personnage féminin qui fait autre chose que de courir après l'amour, qui se retrouve piégée en voulant entrer dans le moule et/ou qui vit avec des chats (non mais vraiment, but ultime de la Vie, non ?).
Pour cette article, je vais me concentrer sur les femmes en dehors du couple en général mais je ferai sans doute un autre article sur les femmes en dehors du couple hétéro-normé.
Tant pis pour l'amour - Sophie Lambda
TW : emprise, manipulation, pervers narcissique, violence verbale, harcèlement
Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48h. Elle qui était si cynique en amour, cette fois, elle y croit. Sauf qu'il se révèle vite étrange. Sophie a alors besoin de comprendre ce qui ne va pas. Confronté à ses mensonges et ses incohérences, il a des réactions violentes, des excuses pour tout et arrive à se sortir de chaque impasse. Mais jusqu'à quand ? Sophie aime un manipulateur narcissique.
On commence l'histoire qui peut être un peu difficile à lire. Le personnage principal se retrouve victime d'un pervers narcissique. On suit alors toute l'histoire, de la rencontre à la séparation, en passant par les mensonges, la manipulation, les crises de colère, la destruction de son estime d'elle-même. La fin nous donne aussi des informations sur comment se défaire d'un pervers narcissique, comment se protéger du harcèlement de ce dernier et ses tentatives de "récupérer" sa victime si celle-ci tente de s'enfuir, comment se faire aider si on n'y arrive pas seule.
C'est une vraie boite à outils. C'est une BD que j'ai envie de mettre entre toutes les mains de
personnes ayant été victimes elles aussi, et en même temps je sais
d'expérience que la lecture peut être un peu dure. Personnellement, me retrouver autant dans l'histoire, me dire "mais merde, moi aussi j'ai vécu ça" a été un choc, même c'était une prise de conscience nécessaire.
Si je la mets dans la liste, c'est parce qu'elle vient déconstruire un des mythes autour des relations : qu'il faudrait tout accepter par amour. Cette Bd est un bon exemple du "Il vaut mieux être seul'e que mal accompagné'e". Il est OK d'avoir des moments difficiles et des disputes mais il est dangereux de fermer les yeux sur les "red flags" (littéralement "drapeaux rouges, cela désigne les indices qui montrent que la relation est toxique, problématique).
Je l'ai mis aussi parce qu'on voit le personnage se reconstruire et apprendre l'importance de s'aimer soi-même plutôt que de chercher quelqu'un pour le faire à notre place, trouver de l'affection et de l'amour auprès d'autres personnes comme ses ami'es, sa famille, ou de la sororité de la part des autres victimes de son ex. Je trouve important de mettre ces formes d'amour en avant, histoire que l'amour romantique descende un peu du pied d'estale où on a tendance de le mettre.
Konbini/La fille de la supérette - Sayaka Murata
TW : manipulation
Depuis l’enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n’a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s’inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. En manque de main-d’œuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu’il apparaît qu’il n’a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. Ces deux êtres solitaires vont alors trouver un arrangement pour le moins saugrenu mais qui leur permettra d’éviter le jugement permanent de la société. Pour combien de temps…
J'ai lu une critique de ce livre disant qu'il était dommage que Keiko soit associale et sans empathie, que ça lui donnait une apparence de "psychopathe" et qu'il aurait été plus intéressant d'avoir une femme "normale" qui ne trouverait juste pas d'intérêt dans la vie de couple.
Je suis d'accord sur le fait que ce genre de représentation manque, mais personnellement, j'ai l'impression qu'il s'agit plutôt d'une personne neuroatypique (autiste peut-être ?) et asexuelle, qui ne comprend pas les codes, ne sait pas les appliquer et ne voit pas d'intérêt à le faire si ça ne fait pas sens pour elle. Or, il s'agit là de représentations qui manquent tout autant, si ce n'est plus. Il n'aurait pas été inintéressant de suivre une personne atteinte de psychopathie également.
De plus, le fait d'être neuroA témoigne d'un esprit qui réfléchit autrement, ce qui semble cohérent avec le fait de ne pas voir d'intérêt dans la vie à deux. Rien n'est dit clairement dans le roman, c'est un défaut que je lui trouve, mais ça reste à mes yeux une représentation réaliste.
Ce que je trouve intéressant, c'est que le personnage ne souffre absolument pas de ce qu'elle est, elle ne souffre pas d'être célibataire, être en couple ne l'intéresse pas. Dès le début, on la voit très heureuse à travailler dans son konbini, avec un rythme de vie qui lui convient, avec un but dans la vie. Cependant, elle sent bien qu'on attend des choses d'elle et elle se retrouve en difficulté face à la conformité et la pression qu'on lui met pour être "normale". C'est le fait de chercher une combine pour se soustraire à la pression sociale (surtout familiale) qui va la pousser dans une situation compliquée et potentiellement dangereuse.
Mon chat, ma cuisine, et moi - Han Hye Yeon
TW : nourriture
Jeanne est une jeune femme moderne qui vit seule avec ses trois chats. Elle vient d’être licenciée mais refuse de se laisser abattre. Jeanne affronte le quotidien à l’aide de ses chats et avec les douceurs qu’elle prépare tranquillement dans sa cuisine. À chaque événement, un dessert est associé. Un jour, elle s’inscrit à une formation pour devenir pâtissière. Un nouvel horizon s’ouvre devant la jeune femme… UN QUOTIDIEN CHAT-VOUREUX !
On a là une petite BD feel good, où chaque chapitre est l'occasion de présenter une recette. On suit Jeanne qui cherche à se reconvertir, et dont le quotidien est ponctué par les bêtises de ses chats ou des moments passés avec des ami'es et de la famille (encore une fois, c'est chouette de voir ces formes d'amour et qu'elles ne soient pas secondaires).
À un moment, elle croise son ex copain, mais c'est assez anecdotique vu qu'iels se sont quitté'es en bons termes et iels se revoient à l'occasion d'une réunion d'ancien'nes élèves. Elle est moins inquiète à l'idée de le revoir que par ce que le gens pourraient imaginer en fonction du gâteau qu'elle fera. Je trouve ça cool de voir une relation finie sans animosité.
Bonus chat en fin de BD, avec des petites histoires sur comment l'autrice a recueilli les siens.
Elle et son chat - Makoto Shinkai (scénario) et Tsubasa Yamaguchi (dessin)
TW : Sentiment dépressif, anxiété sociale
Chobi savoure sa vie de chat auprès de la maîtresse qui l'a recueilli,
une jeune femme connaissant à la fois les avantages de l'indépendance et
les affres de la solitude. Les yeux du félin assistent à ce quotidien
qui s'écoule lentement, oscillant entre moments chaleureux et moments
teintés d'amertume, entre jours de soleil et jours de pluie.
Ici, nous pourrions avoir deux ouvrages à commenter, puisqu'il s'agit du manga adapté du roman éponyme, mais je n'ai pas lu ce dernier, pour le moment.
On suit le quotidien d'une jeune femme au travers des yeux de son chat. On y voit les bons comme les mauvais moments, surtout les mauvais à vrai dire. L'histoire me laisse le sentiment d'être face à une personne qui perd peu à peu pied, à cause de la pression de son travail et l'anxiété de voir le monde évoluer alors qu'elle a le sentiment de faire du surplace. On peut déceler des signes de dépression et/ou de burn-out.
C'est finalement son amour pour son chat et son sens des responsabilités vis à vis de lui qui lui permettront de remonter la pente et de demander de l'aide.
La gameuse et son chat - Wataru Nadatani
Kozakura, 29 ans, célibataire et fière de l'être. Son but dans la vie : consacrer la moindre minute de son temps libre aux jeux vidéo. Mais voilà qu’un nouveau joueur fait son apparition dans sa vie : un petit chat tout ce qu’il y a de plus réel, qui va bien l'occuper entre deux parties… Car cohabiter avec un félin plein de vie, ce n’est pas pour les petits joueurs, et la gameuse va le découvrir à ses dépens !
On termine cet article sur mon petit chouchou de la liste. En même temps, je suis un'e gameur'euse et jusqu'à récemment, j'avais un chat noir et blanc comme Omusubi (le chat de la jaquette), je ne suis pas certain'e d'être objectif've 😏
J'ai un peu de mal à comprendre la phrase de quatrième de couverture disant "célibataire et fière de l'être", puisqu'à aucun moment il n'y a de réflexion sur son célibat (sauf de la part de quelques collègues, en arrière-plan). Elle est plus fière d'être gameuse qu'autre chose. Et dans son domaine, c'est une hard gameuse, une personne qui finit les jeux à 100%, qui achète les versions collector de ses jeux favoris et qui peut passer des heures à peaufiner sa technique.
Le manga a une atmosphère très cool, avec des personnages enthousiastes et débordant d'énergie. Le jeu vidéo est montré avec beaucoup de respect, je trouve, on est loin du stéréotype de gamer associal qui ne sort jamais de chez lui. Je ne me suis pas senti'e gêné'e par la représentation qui est donnée, au contraire, je me suis même plutôt bien identifié'e sur certains aspects, comme l'incompréhension par les personnes non initiées ou la frustration de refaire une partie parce qu'on a perdu une sauvegarde !
J'ignore si ce manga peut plaire à des personnes qui ne s'intéressent pas un minimum aux jeux vidéo, mais en tout cas, tous les termes en lien avec le sujet sont expliqués. J'ai tiqué sur certains, car beaucoup sont en anglais et j'ai l'habitude de les croiser en français (peut-être qu'au japon, on les utilise tous en anglais ?). Je me dis que le jeu vidéo sert de support comique (une personne experte dans un sujet, novice dans un autre, qui va user de ses connaissances dans le premier pour apprendre dans le second) mais peut-être que ça peut servir de porte d'entrée pour découvrir cet univers et ce qu'il peut apporter.