dimanche 22 avril 2018

Everything everything - Nicola Yoon

Résumé 

Madeline est atteinte d'une maladie aussi rare que célèbre : la maladie de l'enfant-bulle. Pour faire court, elle est allergique au monde, à cause d'une déficience de son système immunitaire. Il lui est impossible de sortir de chez elle sans risquer une crise pouvant entraîner la mort. Elle s'en accommode très bien, entre sa mère, son infirmière, sa passion pour la lecture, ses cours d'architecture à domicile...jusqu'au jour où une nouvelle famille va emménager à côté de chez elle. Olly, le fils, va alors entrer dans sa vie tranquille et chambouler cette dernière.


Que dire ?

Ce livre m'a attirée avec sa première de couverture (oui, je suis le genre de personne qui achète des livres juste parce que la couverture est cool, c'est pas facile à vivre au quotidien).
La quatrième de couverture m'a également intriguée : une citation promettant quelque chose de lourd, à base de « puissant, charmant, déchirant ». Tout un programme !

Ce livre traite donc le sujet de la maladie et du handicap, de l'amour entre adolescents mais aussi des relations familiales difficiles.
La forme est plutôt sympathique : on trouve beaucoup de passages sous forme de chat sur le net, des pages web, des mails, des prises de notes sur des livres. Ça souligne bien ce qui est dit au début : Madeline existe sur le net à défaut d'exister en dehors de chez elle.

L'histoire d'amour en elle-même est assez classique : une jeune fille a une vie monotone (sans s'en rendre compte), rencontre un jeune homme apparemment inaccessible (ici, à cause de la maladie), en tombe amoureuse et voit sa vie changer du tout au tout (ça me rappelle un peu le synopsis de Twilight, sérieux...et c'est pas un compliment).
On trouve l'idée de sacrifice, le fait d'être prêt à tout pour la personne qu'on aime, même à sacrifier sa vie...mais dans ce roman, je trouve que cela ne fonctionne pas très bien. Dès le début du roman, on apprend que Madeline a une vie très organisée, rythmée par les contrôles médicaux et ses relations sociales se limitent à sa mère, son infirmière Carla et ses professeurs via Skype (sans doute aussi des échanges avec des gens via son blog de lecture mais ce n'est pas dit explicitement). Au fur et à mesure du roman, Madeline dit que sa vie n'a pas de valeur à ses yeux car elle ne vit pas vraiment à cause de sa maladie et la solitude provoquée par celle-ci. Du coup, quand on voit qu'elle est prête à sacrifier sa vie en prenant le risque de sortir pour être avec Olly, paradoxalement, ça m'a donné l'impression qu'elle ne sacrifiait rien (pour moi, le sacrifice signifie se séparer de quelque chose qui a de la valeur à nos yeux ; or sa vie avant Olly n'en a pas, ou n'en a plus).
Plusieurs éléments sont survolés mais pas assez développés, je trouve : la relation conflictuelle entre Carla et sa fille, les difficultés de la famille d'Olly, la présence de Madeline sur le net (on aurait pu en faire une Booktubeuse célèbre, non ?).
Le happy end m'a semblé un peu trop prévisible. Il y a un retournement de situation qui a été un peu plus difficile à repérer mais j'ai tout de même mis le doigt dessus plusieurs chapitres avant sa révélation. Et ce retournement de situation me dérange beaucoup, je vais en parler plus tard.

J'ai quand même eu quelques bonnes surprises.
Les deux personnages principaux sont présentés de façon manichéenne : Olly habillé en noir, Madeline en blanc ; lui est le mouvement, elle la stabilité, etc... Et quelques phrases dans le début du roman m'ont laissé croire que cela allait être une catastrophe entre eux, dans le sens « amour à sens unique » avec un jeune homme qui profiterait d'une jeune femme malade (fin, quand on me parle catastrophe, c'est à ce genre de choses que je pense). Mais c'est une histoire douce qui nous est proposé, plutôt touchante.
Nos deux protagonistes sont un peu développés : Madeline est loin d'être naïve, aime la lecture, a de l'humour et a quelques punch-lines sympathiques (comme le moment où elle dit à Olly qu'elle n'est pas une princesse et qu'elle n'a pas besoin d'être sauvée) même si elle se contredit parfois ; Olly est très bon en maths en plus d'être sportif, il a un côté sentimental assumé et cache une part sombre derrière son côté cool.
De plus, au début, j'ai trouvé agaçant que la jeune femme ait l'air de s'éveiller à la vie à travers l'amour. Puis, en relisant, j'ai plus eu l'impression qu'Olly a été le facteur déclencheur, la petite étincelle qui met le feu aux poudres : beaucoup d'éléments trahissent l'ennui de Madeline, son envie de sortir de chez elle (elle parle plusieurs fois du Dehors dont elle s'est désintéressée...ça veut bien dire qu'elle s'y intéressait avant et elle n'y a jamais vraiment renoncé, comme le prouve sa passion pour la lecture).

Par contre, il y a une chose qui m'a vraiment dérangée et c'est pourquoi je voulais le garder pour la fin : le traitement de la maladie.
Au début du roman, Madeline semble se faire à sa vie et s'en accommoder parfaitement. Sauf que, très vite, on constate que ce n'est pas le cas et sa maladie est désignée comme la seule coupable. En gros, elle est malheureuse car isolée, isolée car malade. Et ce point noir est accentué par la fin parce que...

[Attention au spoil]

...Madeline n'est en réalité pas malade, du moins elle n'a pas la maladie de l'enfant-bulle, juste un système immunitaire plus fragile que la moyenne. Avec quelques aménagements, elle peut mener une vie normale (d'ailleurs, elle s’accommode de ce changement trop facilement à mon goût ; ou alors, c'est parce que ce passage est accéléré à travers des chapitres très courts et sous forme d'ellipses répétées, je ne sais pas trop).

[Fin du spoil]

Et je trouve que le message qui passe est loin d'être cool : si on a une maladie chronique ou un handicap lié à une maladie, on ne peut pas être heureux ? On est forcément isolé, triste, enfermé dans une vie monotone, une demi-vie ?
De plus, plusieurs fois est mis en avant le fait que Madeline se sente coupable d'être malade, d'être un poids pour sa mère ; celle-ci ne semble pas avoir de vie en dehors de sa fille et ce n'est pas vraiment remis en question.
Néanmoins, j'ai beaucoup aimé le personnage de Carla qui, au travers des quelques dialogues qui lui sont consacrés, donne un point de vue un peu positif (ma phrase favorite du roman est d'elle, d'ailleurs). Elle souligne combien Madeline parvient à toujours trouver quelque chose de positif à faire, une raison de se lever tous les jours et d'être heureuse. Mais, ça reste trop peu par rapport au reste, je trouve ça dommage. 


En résumé...

Mouais bof. J'avoue avoir découvert la maladie de l'enfant-bulle à travers ce roman.
J'ai trouvé quelques éléments sympathiques mais toute l'histoire et ses enjeux tournent autour de la maladie. Donc tout s'effondre quand celle-ci disparaît. La fin du roman est la partie qui m'a le moins plu.
ATTENTION
Je ne dis pas qu'avoir une maladie grave, c'est la fête tous les jours, mais juste qu'être heureux est possible. D'ailleurs, je vous renvoie aux vidéos de Margot, de la chaine « Vivre avec », qui vous en parlera mieux que moi et qui m'a permise d'avoir un autre regard sur le handicap (et sur moi-même également) :
« Être malade et heureuse ? » : https://www.youtube.com/watch?v=HmQ9VvtaAWs
- « Pourquoi je ne suis pas courageuse » : https://www.youtube.com/watch?v=ibCWdWXW57s
- « C'est triste à votre âge » : https://www.youtube.com/watch?v=sFD5FlDVlGc
- Critique du film « Avant toi » : https://www.youtube.com/watch?v=uEAcLAMxPFk


Citations

« Ce n'est pas parce que tu ne peux pas « tout » expérimenter que tu ne dois rien expérimenter » (Carla, p. ?)

« Tu devrais voir ma collection de petites cuillères » (Olly, p.59).
Je me demande si cette phrase n'est pas une référence à la théorie des cuillères (voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=EroPI4QMt-w). Si c'est le cas, je trouve le clin d'œil amusant ^^

1 commentaire:

  1. "je suis le genre de personne qui achète des livres juste parce que la couverture est cool, c'est pas facile à vivre au quotidien" -> toute l'histoire de ma vie xD !
    J'avoue que je ne suis pas particulièrement attirée par les livres qui tournent autour de la maladie (j'ai lu Before I Die de Jenny Downham et The Fault In Our Stars de John Green (je peux te le prêter d'ailleurs, si tu ne l'as pas lu et si ça t'intéresse, il est sympa) mais en général j'évite les potentiels tire-larmes dans le genre) et vu ton avis et d'autres que j'ai lus, je ne pense pas que je lirai celui-là (même si c'est vrai que la couverture est cool. Merci de m'aider à préserver ma PAL du coup :P)
    Par contre, je vais aller faire un tour sur la chaîne que tu conseilles, ça m'a l'air intéressant !

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