Résumé
Madeline est atteinte d'une maladie
aussi rare que célèbre : la maladie de l'enfant-bulle. Pour
faire court, elle est allergique au monde, à cause d'une déficience
de son système immunitaire. Il lui est impossible de sortir de chez
elle sans risquer une crise pouvant entraîner la mort. Elle s'en accommode très bien, entre sa mère, son infirmière, sa passion pour
la lecture, ses cours d'architecture à domicile...jusqu'au jour où
une nouvelle famille va emménager à côté de chez elle. Olly, le
fils, va alors entrer dans sa vie tranquille et chambouler cette
dernière.
Que dire ?
Ce livre m'a attirée avec sa première
de couverture (oui, je suis le genre de personne qui achète des
livres juste parce que la couverture est cool, c'est pas facile à
vivre au quotidien).
La quatrième de couverture m'a
également intriguée : une citation promettant quelque chose de
lourd, à base de « puissant, charmant, déchirant ».
Tout un programme !
Ce livre traite donc le sujet de la
maladie et du handicap, de l'amour entre adolescents mais aussi des
relations familiales difficiles.
La forme est plutôt sympathique :
on trouve beaucoup de passages sous forme de chat sur le net, des
pages web, des mails, des prises de notes sur des livres. Ça
souligne bien ce qui est dit au début : Madeline existe sur le
net à défaut d'exister en dehors de chez elle.
L'histoire d'amour en elle-même est
assez classique : une jeune fille a une vie monotone (sans s'en
rendre compte), rencontre un jeune homme apparemment inaccessible
(ici, à cause de la maladie), en tombe amoureuse et voit sa vie
changer du tout au tout (ça me rappelle un peu le synopsis de
Twilight, sérieux...et c'est pas un compliment).
On trouve l'idée de sacrifice, le fait
d'être prêt à tout pour la personne qu'on aime, même à sacrifier
sa vie...mais dans ce roman, je trouve que cela ne fonctionne pas
très bien. Dès le début du roman, on apprend que Madeline a une
vie très organisée, rythmée par les contrôles médicaux et ses
relations sociales se limitent à sa mère, son infirmière Carla et
ses professeurs via Skype (sans doute aussi des échanges avec des
gens via son blog de lecture mais ce n'est pas dit explicitement). Au
fur et à mesure du roman, Madeline dit que sa vie n'a pas de valeur
à ses yeux car elle ne vit pas vraiment à cause de sa maladie et la
solitude provoquée par celle-ci. Du coup, quand on voit qu'elle est
prête à sacrifier sa vie en prenant le risque de sortir pour être
avec Olly, paradoxalement, ça m'a donné l'impression qu'elle ne
sacrifiait rien (pour moi, le sacrifice signifie se séparer de
quelque chose qui a de la valeur à nos yeux ; or sa vie avant
Olly n'en a pas, ou n'en a plus).
Plusieurs éléments sont survolés
mais pas assez développés, je trouve : la relation
conflictuelle entre Carla et sa fille, les difficultés de la famille
d'Olly, la présence de Madeline sur le net (on aurait pu en faire
une Booktubeuse célèbre, non ?).
Le happy end m'a semblé un peu trop
prévisible. Il y a un retournement de situation qui a été un peu
plus difficile à repérer mais j'ai tout de même mis le doigt
dessus plusieurs chapitres avant sa révélation. Et ce retournement
de situation me dérange beaucoup, je vais en parler plus tard.
J'ai quand même eu quelques bonnes
surprises.
Les deux personnages principaux sont
présentés de façon manichéenne : Olly habillé en noir,
Madeline en blanc ; lui est le mouvement, elle la stabilité,
etc... Et quelques phrases dans le début du roman m'ont laissé
croire que cela allait être une catastrophe entre eux, dans le sens
« amour à sens unique » avec un jeune homme qui
profiterait d'une jeune femme malade (fin, quand on me parle
catastrophe, c'est à ce genre de choses que je pense). Mais c'est
une histoire douce qui nous est proposé, plutôt touchante.
Nos deux protagonistes sont un peu développés :
Madeline est loin d'être naïve, aime la lecture, a de l'humour et a
quelques punch-lines sympathiques (comme le moment où elle dit à
Olly qu'elle n'est pas une princesse et qu'elle n'a pas besoin d'être
sauvée) même si elle se contredit parfois ; Olly est très bon
en maths en plus d'être sportif, il a un côté sentimental assumé
et cache une part sombre derrière son côté cool.
De plus, au début, j'ai trouvé
agaçant que la jeune femme ait l'air de s'éveiller à la vie à
travers l'amour. Puis, en relisant, j'ai plus eu l'impression qu'Olly
a été le facteur déclencheur, la petite étincelle qui met le feu
aux poudres : beaucoup d'éléments trahissent l'ennui de
Madeline, son envie de sortir de chez elle (elle parle plusieurs fois
du Dehors dont elle s'est désintéressée...ça veut bien dire
qu'elle s'y intéressait avant et elle n'y a jamais vraiment renoncé,
comme le prouve sa passion pour la lecture).
Par contre, il y a une chose qui m'a
vraiment dérangée et c'est pourquoi je voulais le garder pour la
fin : le traitement de la maladie.
Au début du roman, Madeline semble se
faire à sa vie et s'en accommoder parfaitement. Sauf que, très
vite, on constate que ce n'est pas le cas et sa maladie est désignée
comme la seule coupable. En gros, elle est malheureuse car isolée,
isolée car malade. Et ce point noir est accentué par la fin parce
que...
[Attention au spoil]
...Madeline n'est en réalité pas
malade, du moins elle n'a pas la maladie de l'enfant-bulle, juste un
système immunitaire plus fragile que la moyenne. Avec quelques
aménagements, elle peut mener une vie normale (d'ailleurs, elle s’accommode de ce changement trop facilement à mon goût ; ou
alors, c'est parce que ce passage est accéléré à travers des
chapitres très courts et sous forme d'ellipses répétées, je ne
sais pas trop).
[Fin du spoil]
Et je trouve que le message qui passe
est loin d'être cool : si on a une maladie chronique ou un
handicap lié à une maladie, on ne peut pas être heureux ? On
est forcément isolé, triste, enfermé dans une vie monotone, une
demi-vie ?
De plus, plusieurs fois est mis en
avant le fait que Madeline se sente coupable d'être malade, d'être
un poids pour sa mère ; celle-ci ne semble pas avoir de vie en
dehors de sa fille et ce n'est pas vraiment remis en question.
Néanmoins, j'ai beaucoup aimé le
personnage de Carla qui, au travers des quelques dialogues qui lui
sont consacrés, donne un point de vue un peu positif (ma phrase
favorite du roman est d'elle, d'ailleurs). Elle souligne combien
Madeline parvient à toujours trouver quelque chose de positif à
faire, une raison de se lever tous les jours et d'être heureuse.
Mais, ça reste trop peu par rapport au reste, je trouve ça dommage.
En résumé...
Mouais bof. J'avoue avoir découvert la maladie de l'enfant-bulle à travers ce roman.
J'ai trouvé quelques éléments sympathiques mais toute l'histoire et ses enjeux tournent autour de la maladie. Donc tout s'effondre quand celle-ci disparaît. La fin du roman est la partie qui m'a le moins plu.
J'ai trouvé quelques éléments sympathiques mais toute l'histoire et ses enjeux tournent autour de la maladie. Donc tout s'effondre quand celle-ci disparaît. La fin du roman est la partie qui m'a le moins plu.
ATTENTION
Je ne dis pas qu'avoir une maladie
grave, c'est la fête tous les jours, mais juste qu'être heureux est
possible. D'ailleurs, je vous renvoie aux vidéos de Margot, de la
chaine « Vivre avec », qui vous en parlera mieux que moi et
qui m'a permise d'avoir un autre regard sur le handicap (et sur
moi-même également) :
« Être malade et heureuse ? » :
https://www.youtube.com/watch?v=HmQ9VvtaAWs
- « Pourquoi je ne suis pas
courageuse » : https://www.youtube.com/watch?v=ibCWdWXW57s
- « C'est triste à votre âge » :
https://www.youtube.com/watch?v=sFD5FlDVlGc
- Critique du film « Avant
toi » : https://www.youtube.com/watch?v=uEAcLAMxPFk
Citations
« Ce n'est pas parce que tu ne
peux pas « tout » expérimenter que tu ne dois rien
expérimenter » (Carla, p. ?)
« Tu devrais voir ma collection
de petites cuillères » (Olly, p.59).
Je me demande si cette phrase n'est pas
une référence à la théorie des cuillères (voir ici :
https://www.youtube.com/watch?v=EroPI4QMt-w).
Si c'est le cas, je trouve le clin d'œil amusant ^^
"je suis le genre de personne qui achète des livres juste parce que la couverture est cool, c'est pas facile à vivre au quotidien" -> toute l'histoire de ma vie xD !
RépondreSupprimerJ'avoue que je ne suis pas particulièrement attirée par les livres qui tournent autour de la maladie (j'ai lu Before I Die de Jenny Downham et The Fault In Our Stars de John Green (je peux te le prêter d'ailleurs, si tu ne l'as pas lu et si ça t'intéresse, il est sympa) mais en général j'évite les potentiels tire-larmes dans le genre) et vu ton avis et d'autres que j'ai lus, je ne pense pas que je lirai celui-là (même si c'est vrai que la couverture est cool. Merci de m'aider à préserver ma PAL du coup :P)
Par contre, je vais aller faire un tour sur la chaîne que tu conseilles, ça m'a l'air intéressant !