Je me suis rendue compte d'un détail : le manque de chroniques dans ce blog n'est pas uniquement dû à un manque de lecture. Cela vient aussi de mon incapacité à chroniquer des livres que je n'ai pas appréciés. La preuve avec un coup d'œil au menu « En bref » : les notes vont de « coup de cœur » à « sympathique » (pour le moment, comme vous vous en doutez un peu...).
La raison est simple : un livre que je n'ai pas apprécié, je le mets de côté et je me jette sur autre chose pour l'oublier.
Du coup, pour cette reprise, je vais faire l'effort de parler d'ouvrages que je n'ai pas aimés (voire que j'ai détestés).
Et on commence avec « L'homme idéal existe. Il est québécois » de Diane Ducret.
Quatrième de couverture
« Bonne nouvelle : l'homme idéal existe !
Il ne parle pas : il jase.
Il n'embrasse pas : il frenche.
Il ne se déshabille pas : il se criss à poèlle.
Vous l'aurez deviné : il est québécois. »
Que dire ?
La première et quatrième de couverture m'ont poussée à m'intéresser à ce livre, trouvé par hasard dans un grand magasin, sur un petit présentoir en tête de gondole. Le ton était donné : ce livre se voulait humoristique et l'idée me plaisait bien. Je ne suis pas particulièrement fan des romances, sauf quand elles se veulent drôles ou quand elles ne sont pas truffées de clichés romantiques dégoulinants de guimauve.
Le personnage principal, une jeune femme (dont on ne connait pas le nom...ou alors je n'ai pas fait attention) va rencontrer un québecois dans une galerie d'arts sur Paris. C'est le coup de foudre, son prince charmant l'invite à le suivre jusqu'au Québec pour y passer une semaine. Notre chère amie va donc se retrouver plongée en pleine culture québécoise et va devoir s'adapter au mode de vie et de pensées bien différents de ceux de sa capitale chérie.
Donc, niveau humour, on en trouve, le plus souvent basé sur des quiproquos linguistiques allant jusqu'aux dialogues frisant l'absurde ou dans des situations cocasses où notre citadine est confrontée à la vie à la dure dans la neige et le froid. Même si je trouve que ce genre de situations arrive trop souvent et qu'au fur et à mesure, c'est la surenchère, c'est les moments que j'ai préféré et je me suis bien amusée à découvrir différentes expressions ou d'en retrouver certaines que je connaissais déjà.
J'ai également bien aimé le style un peu désinvolte et l'auto-dérision par moments, les métaphores et hyperboles utilisées pour décrire certaines situations. Après quelques recherches, j'ai découvert que c'était typique du genre « chick-lit », ce côté décalé entre les situations sérieuses ou toutes bêtes et la représentation que s'en fait l'héroïne.
Pour le reste, j'ai été plutôt déçue : on suit le récit à la première personne, aux travers des pensées de notre parisienne qui se sent constamment perdue, que ce soit dans ce nouveau pays ou dans les relations amoureuses. Ce personnage m'a d'ailleurs fait un peu penser au « Journal de Bridget Jones » de Helen Fielding (roman fondateur du genre « chick-lit », apparemment), pour son côté maladroit un peu paumée et ses pensées qui partent au quart de tour. Mais là, je trouve que les pensées en question vont très vite, trop vite ; je me suis moi-même sentie perdue dans tout ce flot de réflexions, les phrases courtes se succèdent et j'ai fini avec l'impression que notre chère amie se complique bien trop la vie. Ok, on a tous et toutes des doutes, des petits moments gênants dans une nouvelle relation quand ça touche les aspects les moins glamour de la vie quotidienne (le premier pet, les toilettes, les cheveux gras, l'haleine du matin, etc) mais là, c'est à croire qu'elle ne réfléchit qu'à ça, cherchant la petite bête, le petit défaut chez l'autre (ou chez elle) qui pourrait tout faire capoter entre eux.
D'un autre côté, j'ai trouvé que ce monologue intérieur recouvre tout ; même les moments émotions entre les deux amoureux sont presque noyés, comme passés sous silence, peut-être à raison : une façon de dire que notre personnage, à force de trop penser et d'avoir peur, ne profite pas assez des moments présent ? Sans doute. À méditer, donc.
J'ai trouvé le personnage principal plutôt cliché. Je me doute que c'est pour s'en moquer mais c'est trop, là encore : elle est régulièrement préoccupée par son apparence et l'image qu'elle renvoie, elle catégorise les hommes façon « Adopte un mec.com », elle a des certitudes sur les comportements homme/femme qui m'ont franchement énervée (ex : un homme qui fait un compliment sur du vernis ? Il est gay !). Bref, je ne me suis pas du tout identifiée à ce personnage ; les situations dans lesquelles elle se retrouve n'ont pas du tout fait écho chez moi.
Idem pour les autres protagonistes, que j'ai trouvé superficiels et creux pour la plupart. On ne nous donne que peu de détails sur le caractère ou le passé de chacun, on n'a pas de description physique et certains ne se résument qu'à leur « fonction » dans le roman. Genre : le « meilleur ami gay qui donne des conseils sur les relations amoureuses », sérieusement ?
Et surtout, il y a beaucoup de choses dans le récit que je n'ai pas trouvées crédibles : la rencontre entre nos deux amoureux est un peu tiède, notre parisienne accepte de partir à l'étranger...avec un parfait étranger alors qu'elle doute de tout sur les hommes en général (on s'en rend compte par la suite aux travers de ses questionnements), les quiproquos sur les expressions québécoises ont un côté forcé au bout d'un moment, ça tourne même parfois à la dispute sans que je comprenne pourquoi !
Heureusement, le roman n'est pas très long et le ton est plutôt agréable (j'ai toujours aimé le côté désinvolte) et on arrive vite à une conclusion avec une prise de conscience qui m'a un peu surprise. Je te renvoie à la partie « citations » pour le passage que j'ai préféré, qui résume assez bien ma vision du couple et qui résume bien ce roman (et d'autres du même genre), à savoir, comme dit plus haut, « Madame se complique trop la vie » .
La prise de conscience m'a paru étrange car, après tout, elle a passé son temps à analyser ce que faisait son québécois d'un bout à l'autre du roman et d'un coup, elle est capable de stopper son flot de pensées, de prendre du recul et de nous sortir un passage entier qui pourrait être tiré d'un livre de développement personnel. Ça ne colle pas au personnage, à cette façon de penser à laquelle je me suis habituée. Aussi, je me demande si ce n'est pas plutôt l'autrice qui s'adresse directement à nous dans ce passage, qui nous livre le message qu'elle voulait nous transmettre à travers ce roman. Je trouve donc ce passage un peu forcé, quoi qu'intéressant.
Ce que je trouve dommage, par contre, c'est la fin du roman. Je ne l'ai pas trouvée très claire, je ne suis pas certaine de comprendre comment ça se termine. Cette fin m'a laissé un sentiment d'inachevé.
En résumé...
Mouais bof.
Sans pour autant avoir l'impression d'avoir perdu mon temps, je ne suis pas fan de ce roman. Même s'il s'agit d'un récit humoristique, je trouve qu'il manque de réalisme et que certaines situations sont tirées par les cheveux. Je n'ai accroché ni aux personnages, ni au récit. Je me dis que cela vient peut-être du genre « chick-lit » car j'ai lu d'autres romans du même genre et j'y retrouve plus ou moins les mêmes éléments qui me gênent.
Cependant, l'humour de certains passages et le ton m'ont donné envie de rester et d'aller jusqu'au bout. J'ai donc pu profiter de la fin, certes étrange et inachevée selon moi, mais tout de même intéressante.
Une citation
« A trop vouloir créer de la magie et de l’exceptionnel, on perd de vue le quotidien que l’autre peut nous offrir. Les véritables histoires ne naissent pas des meilleurs moments mais des pires. Elles ne se révèlent pas dans les semaines ensoleillées au bord de la mer, mais quand il neige et que le chauffage est en panne. Vivre une vraie histoire d’amour c’est éclater de rire quand tout va de travers et déborde, se rouler dans la neige quand on ne supporte pas le froid, moucher un gamin dans sa manche quand on a peur soi-même d’avoir un gosse, tendre sa main pour rattraper l’autre s’il tombe alors que l’on cherche soi-même son équilibre.
Il n’y a pas de moment parfait où tout se met en place comme par enchantement, il n’y a pas de double qui, séparé de nous à la naissance, épousera parfaitement chacune de nos aspérités. Quel est l’homme parfait pour moi ? Juste celui qui me donne envie de sourire intérieurement même quand il me demande comment faire cuire un œuf. Ne plus avoir d’idéal préçonçu, ne pas demander à l’autre de me dessiner un avenir quand je ne sais pas moi-même ce que je vais y mettre, ni d’effacer mon passé, mais juste laisser un présent s’esquisser. » (Éditions Albin Michel, p.155-156)
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